mercredi 14 décembre 2016

LINKY : Que choisir se saborde-t-il ? (Stéphane Lhomme)

Linky : l’UFC-Que choisir a
organisé sa propre corruption
et trahi les consommateurs




C’était un mystère depuis des mois : tout en reconnaissant que les compteurs communicants Linky n’allaient pas permettre aux usagers de faire des économies et, au contraire, augmenter les factures pour beaucoup d’entre eux, les dirigeants de l’UFC-Que choisir n’en tiraient jamais la seule conclusion possible pour une association de consommateurs, à savoir contester le déploiement de ces compteurs.

Dans un premier temps pourtant, dans un article publié le 2 décembre 2015 (1) sous la plume d’Élisabeth Chesnais, explicitement titré « Linky : l’intérêt des consommateurs à la trappe », l’UFC ne mâchait pas ses mots à l’encontre du programme d’Enedis (ex-ErDF) :

« Linky va alourdir la facture d’électricité des ménages. D’abord parce que même s’il n’apparaît pas en tant que tel et qu’ERDF assure pouvoir le financer par des gains de productivité, son coût pourrait finalement y être intégré via le tarif d’acheminement de l’électricité. Surtout parce que d’après une étude menée par l’UFC-Que Choisir sur un panel de consommateurs, 37 % des ménages consomment au-delà de leur puissance d’abonnement. Les compteurs actuels supportent ces dépassements ponctuels sans disjoncter, Linky pas toujours. De nombreux usagers pourraient avoir à souscrire à une puissance plus élevée, donc à un abonnement plus cher ! »

Mais, contrairement à certaines de ses associations locales, la direction de l’UFC Que choisir a rapidement « oublié » de s’opposer au programme Linky et, pire, est étrangement venue au secours d’Enedis, confrontée à une vague de refus.

C’est ainsi que le dénommé Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie-environnement à l’UFC, a été dépêché dans les médias pour y prendre la place des vrais opposants et prétendre que « refuser la pose de Linky c’est courir le risque de voir son électricité coupée ». Cette menace, avancée par exemple sur France inter (2), dans Le Monde (3) et à de nombreuses autres reprises, est tout à fait contestable mais, quand bien même serait-elle exacte, elle aurait dû susciter la fureur de l’UFC.

Bien au contraire : obéissant probablement à des consignes, Élisabeth Chesnais a opéré un incroyable retournement par rapport à son article de décembre 2015. Le 2 mars 2016, elle assure (4) que « le client ne peut pas s’opposer à l’installation du nouveau compteur » et que « le refus du conseil municipal (…) n’a pas de valeur juridique. ». Le 6 octobre 2016, elle brandit la menace : « Un refus à vos risques et périls » (5), pour le plus grand plaisir d’Enedis.

Mais aujourd’hui, le mystère n’en est plus un : c’est pour ses propres intérêts financiers, et non ceux des consommateurs, que la direction de l’UFC Que Choisir fait le jeu du compteur Linky. Tout est parti de l’opération « Energie moins chère ensemble » (6) lancée par l’UFC en juin 2016 : il s’agit de sélectionner un fournisseur d’électricité (ainsi que de gaz) s’engageant à offrir un tarif avantageux aux consommateurs qui participent à l’opération de l’UFC.

Le lauréat, annoncé fin septembre, est le fournisseur belge Lampiris. Jusque là, rien à dire. Mais, en lisant attentivement les conditions de vente (7), on s’aperçoit (article 20) que les membres de l’UFC bénéficient d’un tarif préférentiel, ce qui pousse bien entendu les consommateurs à adhérer à l’association.

Et, annexées au Conditions générales de vente de Lampiris, on trouve les Dispositions générales imposées par Enedis, parmi lesquelles on peut lire que « Le client s’engage à (…) garantir le libre accès d’ENEDIS aux dispositifs de comptage », c'est-à-dire aux compteurs.

Or, il est fondamental de savoir que, en France, plus de la moitié des compteurs d’électricité sont situés dans les logements, et qu’il s’agit d’un des biais les plus efficaces pour refuser le compteur Linky : qu’il soit propriétaire ou locataire, l’habitant a parfaitement le droit de refuser à Enedis l’accès à son logement et donc la pose du compteur Linky.

Tout s’explique : pour être en cohérence avec sa propre mission de défense des consommateurs, il fallait que l’UFC appelle à refuser la pose du compteur Linky, se mettant alors en contradiction avec les dispositions générales d’Enedis. Il aurait alors été impossible de mener à bien l’opération « Energie moins chère ensemble »… qui permet de toute évidence à l’UFC de gagner de nombreux adhérents.

La direction de l’UFC Que choisir semble donc avoir organisé un nouveau genre de corruption, dans lequel c’est le corrupteur qui est démarché et choisi par le corrompu, en l’occurrence l’UFC, qui trahit au passage ses propres missions et, qui plus est, nuit au combat légitime des citoyens qui refusent le compteur Linky.

Ce mouvement de refus continue bien heureusement à s’amplifier malgré la désinformation orchestrée par Enedis et ses alliés comme la direction de l’UFC-Que Choisir. Des collectifs Stop-Linky naissent partout en France et, au moment où nous écrivons, plus de 300 communes ont refusé le déploiement des compteurs communicants…



Stéphane Lhomme









(7) http://refus.linky.gazpar.free.fr/ENEDIS-LAMPIRIS-UFC-1er-10-2016.pdf

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